Élections professionnelles : « La Confédération paysanne va créer la surprise »
Remporter dix chambres d’agriculture, c’est l’un des objectifs que se fixe la Confédération paysanne pour les prochaines élections des chambres d’agriculture. Un scrutin dont l’organisation inquiète le syndicat.
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Pour la Confédération paysanne, les prochaines élections des chambres d’agriculture ne vont pas se résumer à un duel entre l’union majoritaire sortante formée entre la FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) et la Coordination rurale (CR) dont la présence médiatique s’est amplifiée ces derniers mois. « La Confédération paysanne va créer la surprise. Tout l’indique », a assuré ce 8 janvier 2025 en conférence de presse sa porte-parole nationale, Laurence Marandola, au lendemain du début officiel de la campagne.
« Vert bonnet et bonnet jaune »
Elle justifie son optimisme par « le bilan catastrophique » des chambres d’agriculture depuis les dernières élections il y a 6 ans où la FNSEA et JA ont remporté la quasi-intégralité des chambres. « Beaucoup de paysans ne se sentent pas accompagnés par leur chambre d’agriculture et les difficultés des agriculteurs sont aussi le résultat comptable attribué à la FNSEA et JA et aux chambres d’agriculture », estime Laurence Marandola.
Elle présente son syndicat comme « la seule vraie alternative » à la FNSEA et JA, et à la CR entre lesquels elle observe des traits similaires. « Ce sont un peu blanc bonnet et bonnet blanc, ou plutôt vert bonnet et bonnet jaune », ironise-t-elle tout en décrivant trois syndicats qui défendent le même modèle productiviste d’agriculture, la dérégulation des marchés et l’abaissement des normes environnementales et sociales. Alors que les sujets de souveraineté alimentaire, d’adaptation aux conséquences du changement climatique et la dénonciation des accords de libre-échange confortent les positions historiques de son syndicat selon elle.
Dix départements dans le viseur
Pour créer cette « surprise », la Confédération paysanne se fixe pour objectif de remporter les élections dans dix départements. Selon les règles du scrutin, elle doit pour cela arriver en tête dans le collège 1 des chefs d’exploitations et assimilés, ce qui lui permettrait de remporter directement la moitié des sièges avant que l’autre moitié soit répartie à la proportionnelle.
En 2019, la Confédération paysanne avait seulement remporté la chambre de Mayotte dont l’élection ne se déroulera pas cette année en raison des conséquences du passage du cyclone Chido. Parmi les neuf autres chambres à aller chercher, le syndicat vise tout particulièrement la Guyane, La Réunion, la Loire-Atlantique, l’Ariège et l’Ardèche.
En dehors de ces départements, la Confédération paysanne présentera une liste sous sa seule étiquette dans la quasi-totalité des chambres. Elle s’alliera avec le Modef dans les Landes et la Mosa en Corse. La moitié des listes verront une femme en tête de liste ou en deuxième position indique le syndicat.
20 % d’adhésions en plus ces deux dernières années
Le syndicat assure également avoir « frôlé », ces deux dernières années, les 20 % d’adhésions en plus. Des rangs gonflés qui se traduiront par une dynamique lors des décomptes des voix en février selon Thomas Gibert, secrétaire national de la Conf'. Il faisait observer qu’en 2019, pour 10 000 adhérents, la Confédération paysanne avait enregistré 40 000 voix, soit une adhésion pour quatre voix.
L’autre objectif du syndicat est d’être le premier syndicat dans vingt départements après avoir divisé en deux les voix obtenues par les listes d’union FNSEA et JA avant de les comparer aux siennes. À ce jeu comptable, elle estime aujourd’hui être le premier syndicat dans neuf départements : l’Ain, l’Ardèche, l’Ariège, les Alpes-de-Haute-Provence, La Réunion, la Loire-Atlantique, Mayotte, l’Orne et le Rhône.
Des inquiétudes sur l’organisation des élections
Une clé du scrutin sera la participation dont le taux était en baisse lors des dernières élections en 2019 en passant sous la barre des 50 % (46,22 %). La Confédération paysanne en est consciente et indique avoir communiqué ces derniers mois auprès des agriculteurs sur l’importance d’aller voter pour ces élections qui dépassent les seules chambres d’agriculture. Car c’est aussi la représentativité des syndicats dans les instances locales comme les Commissions départementales d’orientation agricoles ou les comités techniques de la Safer qui est en jeu.
« Cette baisse de participation en 2019 était un mauvais signal mais en même temps on peut comprendre le désintérêt pour ces élections. Sur le terrain, une grande partie des agriculteurs nous disent que la chambre d’agriculture ne sert à rien ou que leur vote est à moitié compté en raison du mode de scrutin », a ajouté Laurence Marandola dont le syndicat défend la proportionnelle intégrale pour la répartition des sièges.
La participation sera scrutée de près d’autant plus que le syndicat s’inquiète de l’organisation du processus électoral par l’État. « Nous avons déjà des indications que des paysans ne vont pas recevoir leur matériel de vote dix jours avant la clôture du scrutin qui est la règle », constate Laurence Marandola.
Dans sa communication, le ministère de l’Agriculture indiquait que les électeurs recevront courant janvier leur matériel de vote avec une ouverture du vote par correspondance à la mi-janvier ou du vote électronique le 15 janvier pour une clôture du scrutin le 31 janvier à minuit. Sur le vote électronique, Laurence Marandola assure que des tests qui se sont avérés défaillants ont été réalisés ces derniers jours.
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